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Dans le cas particulier d'une grossesse et d’un accouchement, une transfusion sanguine peut parfois s’avérer nécessaire. Une hémorragie maternelle au moment de l’accouchement constitue la principale cause à l’origine d’une transfusion maternelle. Cependant, même si ce traitement peut être indispensable à la survie maternelle, il faut savoir que la transfusion sanguine ne concerne que 1% des femmes qui accouchent, plus souvent en cas d’accouchement par césarienne qu’en cas d’accouchement voie basse.

 

CE QU’IL FAUT SAVOIR

1. A quoi sert une transfusion et quels en sont les principaux risques ?

La transfusion est un traitement qui peut-être nécessaire en cas de manque de globules rouges (anémie), de plaquettes, de facteurs de coagulation, de globules blancs. Pour chacune de ces situations, il existe un produit spécifique à transfuser.

Comme tout traitement, la transfusion comporte des avantages et des inconvénients. Elle n'est envisagée par votre médecin que lorsque les bénéfices attendus pour votre santé sont supérieurs aux risques encourus. Les  inconvénients de la transfusion sanguine sont rares et le plus souvent sans gravité (urticaire, réaction fébrile). De plus, les précautions prises actuellement ont rendus exceptionnels les risques liés aux très nombreux groupes sanguins (allo-immunisation) ou à la transmission de bactéries (infection), et encore plus exceptionnels ceux liés à la transmission d'infections virales, notamment les hépatites et le SIDA.

 

 2. Quelle surveillance en cas de transfusion ?

 La recherche systématique de la trace de virus après une transfusion n'est désormais plus recommandée. En revanche, la recherche d'anticorps irréguliers (RAI) à distance de la transfusion est toujours recommandée afin d'améliorer la sécurité d'une éventuelle transfusion dans le futur.

Si vous avez dû recevoir une transfusion durant votre grossesse ou votre accouchement, vous en serez informées le plus tôt possible au cours de votre hospitalisation. Il vous sera remis un document comportant la nature et le nombre de produits sanguins que vous aurez reçus. Il est important de conserver ces documents et de les communiquer, ainsi que les résultats des examens, à votre médecin traitant pour lui permettre d'assurer votre suivi.

 

 

POUR EN SAVOIR PLUS : informations plus détaillées

1. Les produits sanguins et leurs indications

Les produits sanguins regroupés sous le terme de « produits sanguins labiles » sont les globules rouges, le plasma frais congelé, les plaquettes et beaucoup plus rarement, les globules blancs. Ces produits proviennent du don de sang de donneurs bénévoles. Ils sont rigoureusement contrôlés et répondent à des normes obligatoires nationales de sécurité et de qualité : sélection des donneurs, tests de dépistage sur chaque don, règles pour assurer la qualité sur toute la chaîne depuis le donneur jusqu'au receveur.

  • Les globules rouges

Ils ont pour fonction le transport de l'oxygène vers les tissus. Ce transport se fait par le biais de l’hémoglobine contenue dans les globules rouges. La transfusion de globules rouges est nécessaire en cas d'anémie importante (manque de globules rouges) et/ou de signes de mauvaise tolérance de celle-ci, tels que fatigue, essoufflement, palpitations, malaise. Cette transfusion de globules rouges a pour but d'éviter les complications, notamment cardiaques, de l’anémie. En cas d’hémorragie aigue importante au moment de l’accouchement, la transfusion en globules rouges peut être nécessaire en urgence afin de restituer le plus rapidement possible la quantité de sang perdue de manière aigue, qui, dans ce contexte, peut mettre en jeu immédiatement le pronostic vital.

  • Le plasma frais congelé

Il contient les facteurs permettant la coagulation du sang (facteurs de coagulation). Leur transfusion est nécessaire lorsque le taux de ces facteurs dans le sang est trop bas, dans le but soit de prévenir une hémorragie secondaire à ces taux de facteurs insuffisants, soit de traiter une hémorragie aigue qui aurait entrainé cette perte de facteurs de coagulation.

  • Les plaquettes

Elles sont indispensables à la formation d'un caillot sanguin. Elles sont transfusées si leur nombre mesuré dans le sang est très insuffisant (thrombopénie), afin de prévenir une hémorragie secondaire à cette thrombopénie, ou de participer au traitement d’une hémorragie à l’origine de la thrombopénie.

  • Les globules blancs

Ils contribuent à la défense contre l'infection. Il peut être nécessaire d'en transfuser lorsqu'ils sont pratiquement absents du sang. Leurs indications en obstétrique sont totalement exceptionnelles.

 

D'une manière générale, tous les efforts sont faits pour limiter l'usage de ces produits au strict nécessaire. Leurs indications ont notamment été précisées et revues régulièrement par la communauté médicale et les autorités sanitaires, de telle sorte que leurs bénéfices soient très supérieurs aux risques résiduels de la transfusion.

 

2. Les risques connus

Comme tout traitement, la transfusion sanguine comporte des risques. Des réactions sans conséquences graves peuvent survenir pendant et après transfusion, comme de l'urticaire, ou des frissons et de la fièvre en l’absence de cause infectieuse. Les autres risques sont aujourd'hui limités grâce aux mesures déjà prises. Il s'agit :

  • Des risques liés aux très nombreux groupes sanguins :

Lors de la réalisation d’une transfusion, il est impératif de respecter la compatibilité dans les groupes ABO et rhésus. Il existe également de très nombreux autres groupes sanguins contre lesquels vous avez pu développer des anticorps (appelés « irréguliers ») lors de grossesses précédentes ou de transfusions antérieures (1 à 5% des cas). Ces anticorps irréguliers doivent donc être recherchés (RAI) avant la transfusion afin d’en tenir compte dans le choix du produit transfusé. C’est pourquoi votre identité et votre groupe sanguin seront de nouveau vérifiés juste avant la transfusion de globules rouges.

  • Des risques résiduels de contamination :

Ils continuent de diminuer avec les progrès des connaissances et des techniques.

Les estimations pour 2009-2011 sont les suivantes :

  • 13 infections par des bactéries pour un million de produits sanguins
  • 1 infection par le virus de l'hépatite B (VHB) pour 2 millions de dons de sang (1 à 2 cas par an)
  • 1 infection par le virus du SIDA (VIH) pour près de 3 millions de dons de sang (1 cas par an)
  • 1 infection par le virus de l'hépatite C (VHC) pour 7 millions de dons de sang (1 cas tous les 2-3 ans)
  • 4 cas de transmission de l'agent du variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob par une transfusion ont été rapportés en Grande-Bretagne, aucun en France.

 

3. Les dangers inconnus

Comme on ne peut, de principe, exclure des dangers inconnus, toutes les mesures possibles de prévention ont été prises dans la sélection des donneurs de sang (notamment l'exclusion des personnes antérieurement transfusées) et dans la préparation des produits.

En outre, une surveillance nationale des incidents de la transfusion a été mise en place depuis 1994 (l'hémovigilance). Si cela s'avérait nécessaire, des informations complémentaires vous seraient communiquées.

 

4. Les examens biologiques avant et après transfusion

Le niveau de sécurité désormais atteint en matière de transmission de virus ne rend plus nécessaire la recherche systématique de leur trace avant et après la transfusion.

En revanche, afin de prévenir les risques liés aux très nombreux groupes sanguins, un certain nombre d'examens doit être effectué :

  • Avant chaque transfusion : il est obligatoire de disposer des caractéristiques de groupes sanguins du patient (2 déterminations, figurant sur la carte de groupe sanguin) ainsi que d'un résultat récent de recherche d'anticorps irréguliers (RAI). L'intervalle de temps entre la RAI et la transfusion elle-même peut varier de 3 jours à plusieurs semaines selon les circonstances cliniques : à l’entrée en salle de travail, une RAI de moins de 1 mois est nécessaire en l’absence de risque hémorragique, et de moins de 3 jours en cas de risque hémorragique avéré. En cas d’accouchement par césarienne, on doit disposer d’une RAI de moins de 3 jours.
  • Après un épisode transfusionnel et à distance de celui-ci (3 semaines à 3 mois), il est recommandé de pratiquer un contrôle sanguin (RAI) pour rechercher la présence éventuelle d'anticorps irréguliers consécutifs aux transfusions précédentes.
  • Si vous avez connaissance de la détection d’anticorps irréguliers dans votre sang (RAI positive), il est important pour votre sécurité, de le signaler au médecin, notamment en consultation d’anesthésie.

5. Les documents remis et l'importance de leur conservation

Après une transfusion, il vous est remis, avant la sortie de l'hôpital, un document écrit comportant la date des transfusions, l'établissement et le service où elles ont été réalisées, le type et le nombre des produits sanguins labiles reçus. Il est important de conserver ce document avec soin et de le montrer à son médecin traitant. Il en a besoin pour assurer un suivi médical de qualité.

Enfin, en fonction de l'évolution des connaissances scientifiques, il pourrait être important de re-contacter les personnes transfusées. C'est pourquoi, il est utile que vous informiez de votre transfusion votre médecin traitant, notamment si vous en changez.

 

 

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18 février 2010 - Mis à jour : 17 décembre 2012